lundi 19 novembre 2012

L'affaire Farewell à l'Institut Lumière: la guerre froide revue par Christian Carion


Bonjour à tous

L’ Affaire Farewell de Christian Carion sera projeté en présence du réalisateur à l'Institut Lumière le jeudi 22 novembre 2012 à 20h30.

La guerre froide n'a pas été un genre particulièrement prisé par les cinéastes français si on compare évidemment avec la production américaine.
Ce film revient avec brio sur cette période et notamment sur un épisode qui dit-on, préfigurait la chute de l'URSS. Celle-ci n'intervint cela dit qu'en 1991!

A bientôt
Lionel Lacour
COMMUNICATION
DE L'INSTITUT LUMIÈRE

D’après une histoire vraie :
L’Affaire Farewell s’inspire d’ "une des plus grandes affaires d’espionnage du XXème siècle". En 1983, un colonel soviétique a fourni des informations ultra-confidentielles à François Mitterrand. En pleine guerre froide, cela permit un rapprochement entre la France et l'Amérique de Ronald Reagan. Cette affaire a accéléré la chute de l’empire soviétique. A plus long terme, elle permit de mettre fin au conflit.


A propos du film :
Le cinéma français est connu pour être peu friand des représentations d'hommes politiques ayant existé. Christian Carion se place parmi la minorité. Mettre en scène François Mitterrand et Ronald Reagan est en partie ce qui l’a motivé. Il déclare s'inspirer de la tradition anglo-saxonne : "J'admire le cinéma anglo-saxon qui n'hésite pas à réaliser des films ancrés, sans faux-semblants, dans leur monde politique."


Synopsis :
 L’Affaire Farewell
de Christian Carion
(Fr, 2009, 1h53, couleur, avec Guillaume Canet, Emir Kusturica) 
Moscou, début des années 1980. Un colonel du KGB déçu du régime décide de faire tomber le système. Il prend contact avec un ingénieur français, qui se retrouve précipité dans l’une des affaires d’espionnage les plus stupéfiantes du XXe siècle.

Biographie de Christian Carion :
Ingénieur en agriculture de formation, Christian Carion est pourtant passionné de cinéma depuis ses 13 ans. Ses études terminées, il loue une caméra vidéo pour " bricoler des films sans intérêts". Mais sa carrière commencera véritablement en 2001 avec le tandem Michel Serrault/ Mathilde Seigner. Une hirondelle a fait le printemps fera 2.4 millions de téléspectateurs. Un grand succès qu’il réitère deux années plus tard dans Joyeux Noël. Le film sera présenté en Hors Compétition au Festival de Cannes 2005 nommé aux César et concourera aux Oscars dans la catégorie Meilleur film étranger. Fidèle à ses thèmes de prédilection, Carion réalise L’Affaire Farewell en 2009. Aux commandes de ce thriller d’espionnage inspiré de faits réels, deux poids lourds : Guillaume Canet et Emir Kusturica. 

Critiques Presse : 
« (...) on ressort ébahis par les dessous de cette histoire vraie vécue par des hommes. » - Elle 
« Un thriller haletant (...) Une distribution exceptionnelle. » -  La Croix 
« L'Affaire Farewell est portée par un scénario précis (...) qui nourrit un duo d'acteurs inspirés, par ailleurs tous deux réalisateurs, Guillaume Canet et Emir Kusturica. » - Le Monde
« Le film montre bien la dimension prosaïque de l'espionnage, un "anti James Bond" comme le dit le cinéaste, où la vie privée est déterminante ainsi que les affinités psychologiques entre individus faillibles. » - Libération
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Tarifs  :
8,50 €, 6,50 € (abonnés)7,50 € (réduit), 6,50 € (abonnés)
www.institut-lumiere.org
25 rue du Premier-Film - 69008 Lyon 04 78 78 18 95 - Métro D : Monplaisir-Lumière

Télé Gaucho: une nostalgie des années 1990?

Bonjour à tous,

le 12 décembre, Michel Leclerc verra son nouveau film sur les écrans de France: Télé gaucho. S'appuyant sur un casting épatant, avec une mention toute particulière pour le premier rôle, Félix Moati incarnant à merveille le personnage de Victor, jeune étudiant cinéphile, plein d'illusions à son arrivée à Paris et une confirmation, s'il en fallait une, pour Eric Elmosnino, qui joue le rôle de Jean Lou, dirigeant de Télé gaucho, qui démontre encore une fois tout son talent au cinéma.
Le résumé est assez simple: un jeune provincial, Victor, débarque à Paris pour débuter un stage avec une vedette de la télé réalité, Patricia Gabriel, interprétée par Emmanuelle Béart, de la chaîne HT1, tout en devant suivre des études pour devenir cinéastes. Mais il rencontre une bande de fous furieux ayant créé une Télé libre contestatrice, "Télé Gaucho", dont les membres suivent toutes les manifestations remettant en cause l'ordre établi ou fustigent les rassemblements réactionnaires. Très vite, Victor va s'intégrer parfaitement dans ce moule, rencontrer une fille folle à lier mais tellement charmante, sympathiser avec la vedette de la chaîne et la trahir pour la cause de "Télé Gaucho", tout en mentant à ses parents sur toute sa vie parisienne!

Une ode aux années 1990?
Tous les spectateurs ayant vécu ces années prendront évidemment plaisir de revoir dans ce film des éléments oubliés de cette période. Ce plaisir est celui de se rendre compte surtout que la modernité de ces années a été engloutie par les progrès technologiques des débuts du XXème siècle. Ainsi le "Be Bop", premier téléphone portable mis en circulation ne fonctionnait qu'auprès de bornes dédiées, les caméscopes intégrant les magnétoscopes étaient d'une modernité incroyables, l'émission par voie hertzienne de cette télévision restait encore la seule possibilité de diffusion d'un discours audiovisuel non officiel. Spontanément, les spectateurs font les comparaisons avec aujourd'hui: la facilité de produire des images en 2012 et surtout de les transmettre, pas seulement dans le quartier mais dans le monde entier donne à ces hurluberlus d'hier à peine une dimension de pionniers et de combattants forcenés comparable en certains points à certains postant leurs vidéos sur Youtube ou d'autres sites de partages vidéo d'aujourd'hui mais avec une audience limitée à ceux venant dans leur local! Une télévision qui se voit en salle donc, avec des moyens de produire des images mais pas de les diffuser.
Cette générosité des ces années a été complètement oubliée parce que la technologie a rendu terriblement dépassé ces combats. Parce que l'enthousiasme montré à l'écran n'est pas celui de mai 1968 qui voulait changer le monde pendant une période de plein emploi, mais bien celui de maintenir ce qui avait été conquis par les générations précédentes en pleine période de crise économique et sociale. Même le combat pour le Pacs résonne comme la continuation de ce qui avait été entamé après 1968, à commencer par le droit à l'avortement, ce que montre d'ailleurs la manifestation contre ce droit par des groupuscules catholiques anti-avortement.

Emmanuelle Béart, alias Patricia Gabriel,
avatar d'Evelyne Thomas?
Une critique de la télévision commerciale?
Cette télé des années 1990, née de la privatisation entamée au milieu des années 1980 de quelques chaînes n'a plus cessé de produire des programmes racoleurs, mettant en scène les spectateurs, avec comme modèle dominant la première chaîne française. Michel Leclerc l'assume: TF1 a co-financé son film et pourtant, tout le monde a reconnu cette chaîne malgré le travestissement de son nom. Comme son héros Victor le dit à la vedette de la télévision, Patricia Gabriel, il pratique le Kung Fu en se servant de la force de son adversaire. La critique est facile mais pas si manichéenne. De fait, on ne voit que très peu ce que produit cette télévision si ce n'est par l'énonciation des thèmes de l'émission de Patricia. Peut-être parce que le réalisateur joue sur la connivence avec le public qui connaît très bien ce genre d'émissions qu'incarnait à merveille Evelyne Thomas (alias Patricia Gabriel?). De fait, la critique vient aussi et surtout par les réactions des membres du collectif de Télé Gaucho, mais aussi par les confessions de Patricia qui se livre à son stagiaire, Victor: "Tu ne sais pas que mon émission c'est de la merde?"
Or Télé Gaucho montre elle aussi ses limites quant à sa ligne éditoriale sans concession. Jean Lou multiplie les projets plus ou moins engagés, allant jusqu'à recruter un ancien couple ayant travaillé dans le porno pour le montrer en direct, sous prétexte que les ouvriers aussi ont droit à du porno! Si Yasmina, interprétée par Maïwenn, essaie de lui faire comprendre la dérive du projet Télé Gaucho par de telles programmations, elle ne se comporte pas forcément mieux en voulant "abattre" Patricia Gabriel. En pratiquant des enregistrements cachés, diffusant des images prises à l'insu des personnes, elle, comme Etienne d'ailleurs, interprété par Yannick Choirat, usent du sensationnalisme comme peuvent le faire les télés commerciales.

Ainsi, le film commence-t-il par des reportages tournés au cœur des manifs, avec des prises de positions clairement politiques, progressistes et anti-capitalistes pour finir dans la tentative de se faire connaître de tous en passant sur les antennes de HT1, coûte que coûte, de Jean Lou à Yasmina!
Par la séparation de Jean Lou et de Yasmina, le spectateur assiste à une segmentation du marché de la télévision indépendante, engagée avec elle, plus "œcuménique" avec lui. Et avec cela, ce sont tous les paradoxes qui apparaissent avec un medium dont la logique est d'être vu par un nombre important de spectateurs, poussant soit à plaire coûte que coûte, soit à toucher une cible bien précise, au risque de n'atteindre et de n'intéresser que peu de monde.


Un conte intemporel?
Le récit de Michel Leclerc place l'histoire dans les années 1990 et on se plaît, pour ceux ayant vécu cette période, à entendre parler en Francs. Mais clairement, le film ne cherche pas une reconstitution exacte de la période, avec des anachronismes multiples finalement sans intérêt. Par exemple, Télé Gaucho va filmer le débat sur le PACS qui n'est pas encore d'actualité au moment où le film commence et peut-être même pas quand il se termine!
De même, si le type d'émission de Patricia Gabriel existe déjà sur TF1 à cette époque avec notamment les émissions de Jean-Marc Morandini (Tout est possible de 1994 à 1997), il n'a pas manqué de critiques pour dénoncer le voyeurisme de ce genre de programme télévisuel, dans la presse écrite mais aussi au sein des chaînes de télévision, y compris chez TF1.
Trop d'éléments montrent clairement l'impossible réalisme du film et Télé Gaucho représente alors une sorte de sas de passage entre le monde réel et le monde idéalisé de chacun, un repère sans lequel beaucoup ont du mal à se positionner. Jean Lou est totalement angoissé à l'idée de se retrouver loin de son quartier et du métro lui permettant d'y retourner. De même, les relations entre Victor et sa famille qui financent leur fils pour ses études sont elles improbables. Cette famille représente le monde réel, avec ses petitesses bourgeoises, tandis que ce que vit Victor leur est totalement inconnu: Télé gaucho, Clara et Antoine leur fils. Seule la sœur de Victor a tout compris, car elle fait partie du monde des enfants et pas encore de celui des adultes.
Quant à Clara, interprétée par Sarah Forestier, elle est clairement le personnage lunaire improbable, immature à souhait et incapable de stabilité émotionnelle. Sa folie ne peut que s'insérer dans le "bestiaire" de Télé Gaucho rempli d'excentriques que seule l'anarchie de la "chaîne libre" peut accepter. Clara représente donc la part d'enfance à qui chacun d'entre nous souhaiterait tant parfois ressembler: tomber amoureux de ceux qui vous plaisent, apprendre l'arabe si cela nous chante, sans jamais se projeter dans l'avenir. C'est ce qui a séduit Victor. C'est ce qui le lassera aussi, tout comme il sera lassé des grands principes des autres de Télé Gaucho, à commencé par Etienne qui ne parle que de révolution et qui vit chez ses parents dans le 16ème arrondissement de Paris!
Le spectateur assiste donc à une forme de conte initiatique moderne d'un jeune adolescent qui croit que le monde l'attend, qui s'affranchit de sa famille pour vivre sa propre expérience et qui passe à l'âge adulte en se confrontant à toutes les contradictions et acceptations qui feront de lui un adulte, avec ses illusions, ses souvenirs mais aussi certainement ses amertumes.

Le film de Michel Leclerc prend donc le prétexte de sa propre expérience de Télé Bocal de la fin des années 1990 pour livrer un film aucunement sentencieux ni moralisateur, un film sur l'expérience humaine des adolescents pour qu'ils deviennent adultes, n'épargnant personne mais n'accusant personne.
Un flash back pas rigoureux mais assumé sur une période maltraitée jusqu'à présent et dont il rend néanmoins compte des bouleversements, économiques, culturels, technologiques, politiques et sociétaux qui se sont passés sous les yeux de ceux qui l'ont vécue. Et en plus, c'est drôle! Alors vivez l'expérience Télé Gaucho dès que vous le pourrez!

A bientôt
Lionel Lacour

mercredi 7 novembre 2012

Chaplin et Cassavetes pour finir l'année à l'Institut Lumière

  Bonjour à tous,

le temps des rétrospectives reprend à l'Institut Lumière. Et les Lyonnais comme les visiteurs pourront revoir dans des copies restaurées les chefs d'oeuvres de deux grands cinéastes, de deux genres bien différents, du 10 novembre 2012 au 6 janvier 2013.

Le premier est venu à Hollywood et a fait étinceler le genre du burlesque pour lui donner davantage que le seul plaisir de rire. Chaplin, dont un récent article de ce blog était consacré à son célèbre Les temps modernes, a élevé son art pour lui permettre de dire ce que peu de cinéastes ont su dire avant lui... et même après. Sa critique du capitalisme forcené aux détriments des plus faibles n'a que peu d'égal, surtout si on prend en compte la popularité de ses films. Pour s'en convaincre, deux projections exceptionnelles en ciné concert des Lumières de la ville auront lieu le samedi 8 décembre à 15h et le dimanche 9 décembre à 16h à l'Auditorium Maurice Ravel.




Pour la seconde rétrospective, les amateurs de l'underground new-yorkais pourront se régaler en se rendant à la salle du Hangar pour voir les oeuvres de celui qui a peut-être inventé ce qui allait devenir le nouvel Hollywood, avec en 1959 Shadows, projeté bien évidemment au cours de cette rétrospective.
Ainsi, le cinéma de Cassavetes reste soit à découvrir, soit à revoir, encore et encore, pour comprendre comment cet acteur a su filmer l'intime, le quotidien des vies banales tout en les rendant mémorables. L'occasion aussi de voir une famille de cinéma travailler ensemble, de Gena Rowlands à Peter Falk en passant par Ben Gazzara.
C'est donc une série de 5 films restaurés qui sera présentée lors de cette rétrospective avec notamment une soirée immanquable le mardi 27 novembre avec une conférence sur le cinéma de John Cassavetes donnée par Thierry Jousse à 19h30 en entrée libre sur inscription, suivie de la projection de Meurtre d'un bookmaker chinois de 1976.






Pour l'ensemble de la programmation, je vous invite à visiter le site de l'Institut Lumière:
www.institut-lumiere.org

Sinon, vous pouvez déjà consulter ces documents ci-dessous!

A très bientôt
Lionel Lacour







vendredi 26 octobre 2012

Après le festival Lumière 2012, le festival Lumière 2012

Le voleur de bicyclette



Bonjour à tous,

L'Institut Lumière joue les prolongations et propose aux Lyonnais et non Lyonnais de voir ou revoir, du 26 octobre au 8 novembre, les plus belles restaurations du festival Lumière.

Le prix Lumière Ken Loach, Max Ophuls ou Vittorio De Sica seront encore à l'honneur avec les projections de Kes, Le Plaisir, Le Voleur de bicyclette et d'autres classiques du cinéma projetés durant le festival.






Kes, un chef-d'oeuvre de Ken Loach



Une occasion pour tous ceux qui n'auront pas pu venir aux séances de profiter encore un peu de ce festival en attendant celui de 2013.


Vous trouverez le programme de toutes ces projections ci-dessous.

A très bientôt

Lionel Lacour