mercredi 22 juin 2016

"Coup de tête" pour célébrer l'Euro!

Bonjour à tous

comme chaque année, l'Institut Lumière propose aux Lyonnais et à tous les autres des projections gratuites et en plein air tous les jeudis de l'été sur la place Ambroise Courtois. Et quoi de mieux pour ouvrir cette programmation, en plein Euro de football, que Coup de tête, le film de Jean-Jacques Annaud ayant pour toile de fond le football avec Patrick Dewaere comme champion improbable d'une équipe d'une petite bourgade de province.

Le film qui propulsa véritablement le réalisateur au sommet du cinéma français n'est pas à proprement parlé un film sur le football mais il utilise cet univers comme trame de fond. Loin du football-business d'aujourd'hui, Coup de tête aborde cependant déjà le rôle social et sociétal du sport le plus populaire du monde.



Prophétique, Annaud centre son film autour d'une affaire de mœurs impliquant un des joueurs du club. Loin des "sextapes" au cœur de scandales péri-sportifs qui émaillent régulièrement l'actualité des footballeurs d'aujourd'hui, dont un a touché l'équipe de France avec les conséquences que l'on sait, le fait divers qui frappe François Perrin - footballeur amateur du club de Trincamp interprété par Patrick Dewaere - montre à quel point la carrière d'un joueur, plus qu'un autre, est soumise à des éléments extérieurs, soit pour couvrir ses actes répréhensibles, soit au contraire pour le dévaluer et donc l'éliminer.

Annaud montre ainsi combien l'unité d'une communauté peut se faire et se défaire autour du succès ou de la défaite de son équipe de football, impliquant toute la notabilité, des élus aux commerçants en passant par l'industriel sponsor du club. Car si l'échelle n'est évidemment pas la même avec les milliards générés par le football professionnel du XXIème siècle, Annaud permet de comprendre que les primes, en cash, données par le patron du sponsor du club de Trincamp, ne sont pas distribuées par pure philanthropie. Il en attend des retombées économiques bien supérieures aux sommes d'argent données aux joueurs, pourtant amateur. Mais derrière les montants qui leurs sont promis, c'est aussi

Ce lien social né autour de victoires d'un club dans une compétition phare génère aussi  des héros qui deviennent intouchables quand ils étaient jusqu'alors des pestiférés de la communauté. Le footballeur qui permet à son équipe, par son talent ou le hasard, de créer l'exploit, devient, de manière illusoire, le maître de la ville à qui rien n'est refusé. Il attire aussi l'attention des médias tant sur lui que sur le club, la ville et donc les sponsors. Mais le héros du jour peut être aussitôt oublié. Et surtout, le cinéaste n'oublie jamais de rappeler ce que représente un joueur dans cet éco-système. Un personnage finalement faible, monnayable et que l'on peut même humilier, comme le montre cette séquence dans laquelle Sivardière, président du club et patron du sponsor, incarné par Jean Bouise, donne des moitiés de billets à ses joueurs en "préprime" pour gagner le match.


La force de Coup de tête est donc de plonger le spectateur, à une échelle pourtant modeste, dans ce que représente le football, même amateur. Un sport certes, mais aussi un outil de communication formidable pour des entreprises partenaires qui financent des clubs et rémunèrent les joueurs au-delà du raisonnable.

Coup de tête, Jean-Jacques Annaud, 1979
Copie restaurée
jeudi 23 juin 2016, 22h00, place Ambroise Courtois, Lyon 8ème
(métro ligne D - station Monplaisir Lumière)

Le reste de la programmation de l'été sur www.institut-lumiere.org

À bientôt
Lionel Lacour

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